
- 1. Allegro scherzando
- 2. Adagio notturno
- 3. Allegro agitato
- 4. Intermezzo in sospeso
- 5. Allegro agitato
Ce
concerto a mûri longuement. Il reflète bien mon attirance
pour le rythme et la virtuosité, ma passion pour le jazz,
ainsi que mon amour pour l'instrument.
Contrairement à mes autres œuvres,
les différents
thèmes ont surgi dans des lieux divers de la planète.
L'Allegro scherzando est né à Vienne, l'Allegro
agitato à Vancouver,
les autres parties à Paris et l'élaboration générale à Aix-en-Provence
- lieu de composition de mon concerto pour flûte.
Dans le
même temps, le livre du biologiste Henri Laborit <L'Éloge
de la fuite> m'a fortement impressionné et l'idée
m'est venue d'un son générique se heurtant et s'opposant à une
complexité sonore et donc d'une lutte pour la suprématie
de l'un sur l'autre ; d'un son qui persiste tout au long de l'Ïuvre
mais duquel on s'échappe constamment - face à la
complexité - pour y revenir puis s'en échapper à nouveau.
La
structure de l'Œuvre s'apparente à la forme rapsodique
et comporte cinq parties principales qui s'enchaînent sans
interruption.
L'Allegro scherzando est vif,
tumultueux, comme une course folle dans laquelle on perdrait le
souffle. L'Adagio
notturno reflète
le propos initial, cette fois avec une pensée d'apaisement
s'opposant à des fantasmes persistants et dominants.
L'Allegro
agitato en forme de variations est basé sur
le principe de pulsations régulières perturbées
par des cassures rythmiques occasionnelles et ponctuelles.
La complexité engendrée
par ces superpositions rythmiques trouve naturellement son
aboutissement dans l'Intermezzo in sospeso suivant.
Ce mouvement s'inscrit dans
la structure générale de l'œuvre comme une cadence
accompagnée. Le piano, utilisé ici dans sa tessiture
grave, procède par élans successifs de phrases
véloces
qui se trouvent freinées brusquement par des éléments
suspensifs. L'orchestre s'efface peu à peu pour laisser
la parole au soliste. Le final, Allegro agitato, amplifie l'idée
de fuite en avant pour une course effrénée ininterrompue.
L'écriture du piano est principalement
monodique : dix doigts au service de la virtuosité ou de
l'impalpable... Elle utilise d'une part des <sons-génériques> et
d'autre part des intervalles proches du chromatisme ou influéncés
par le sérialisme.
La spécificité instrumentale
de l'orchestre consiste en l'absence de <bois> hormis un
contrebasson. Les cuivres interviennent parfois comme dans un
big-band. L'adjonction d'un
clavier Midi, d'une guitare-basse électrique et d'une
batterie-jazz apporte une couleur originale à l'orchestre
; ils forment à certains
moments un quatuor avec le piano solo.
Une première version de ce concerto a été créée
en mars 1998 à South Bend (USA) par Louise Bessette et
l' Orchestre Symphonique de South Bend sous la direction de Tsung
Yeh qui en était le commanditaire. Cette version est maintenant
caduque.
La forme générale de cette nouvelle version
a été entièrement
repensée, l'orchestration remodelée, l'instrumentation
améliorée, la partie soliste enrichie. Cette version
est bien une nouvelle création.
[ Yves Prin ] |