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Note de programme

Yves PRIN

HYMNUS 68 (1969)

Oratorio pour soprano, basse, Bronté,
choeur mixte, choeur d'enfants & orchestre
Argument et textes de Pierre Host

Commande d'État pour la Session Internationale de Saint-Céré 1969

Durée : 32 minutes

I.

II.

III.

IV.

Clameurs pour la colère
   
Cris et écrits de Mai
Agapé (du grec, amour)
  
 Méditation sur un message de Martin Luther King
Déploration
   
L'Offrande de Jan Palach
Prière
   
Celle que fit Frank Borman en la nuit de Noël 1968
   à bord d'Apollo 8

Hymnus 68 est une commande d'État pour la Session Internationale de Musique de Saint-Céré 1969, dont le fondateur animateur Pierre Host désirait marquer d'un éclat particulier le 10e anniversaire.

L'Ïuvre fut créée en présence de M. Edmond Michelet, ministre des Affaires Culturelles, le 17 août 1969, à l'Élise Sainte-Spérie de Saint-Céré, par l'orchestre du festival, dont le noyau principal était l'orchestre permanent d'Angers, et par le choeur de la Session comprenant
120 chanteurs <amateurs> sous la direction de Stéphane Caillat.

Hymnus 68 s'inscrit dans les grands courants de pensée qui secouent l'époque contemporaine : c'est un hymne à l'homme qui aime, souffre, se révolte, s'immole, mais espère en la réconciliation et la paix universelle.

Lors de la création, fut introduite pour la première fois au sein de l'orchestre symphonique, la Bronté (du grec : tonnerre). Cet instrument fut inventé et construit par le percussionniste Vincent Géminiani.

Un immense cône d'acier est mis en vibration par deux claviers à tiges, elles-mêmes frappées au moyen de baguettes ou frotées avec un archet. Le son produit est riche en harmoniques graves ou suraiguës et il apporte par son <souffle> continu un élément de tension indispensable à l'Ïuvre.

Une cithare apposée sur le cône bénéficie du phénomène d'enrichissement et d'amplification du son.

L'Ïuvre est inspirée par quatre événements auxquels correspondent quatre parties faisant appel chacune à un effectif instrumental et choral différent.


I. Clameurs pour la colère
(solistes <récitants>, choeur parlé, Bronté, cuivres, percusisons)

Cris et slogans de mai 1968, en contrepoint d'un extrait de l'Apocalypse selon Saint-Jean, campent l'homme aux prises avec la révolte que suscitent les injustices, les inégalités, l'imposture des riches.

La Basse <dit> le texte de l'Apocalypse tiré des <Visions prophétiques> et la Bronté évoque la <Bête à 10 cornes>, symbole de la ville décadente et de la société de consommation.
Le choeur parlé hurle et scande les slogans de mai 68, renforcé par les cuivres et les percussions. La soprano déclame les points forts du texte biblique.

Bientôt le chÏur parlé se divise en 5 groupes, hommes et femmes criants, vociférants jusqu'au paroxysme. La confusion amène une chute brutale : la <Bête> est touchée à mort malgré un dernier sursaut et la Bronté avec ses plaintes et ses gémissements a le dernier mot.

II. Agapè (du grec : amour)
(solistes, chÏur de femmes, Bronté, cordes, bois, percussions, claviers)

Méditation sur le message du pasteur Martin Luther King assassiné le 4 avril 1968. C'est l'homme de la recherche de la fraternité luttant contre le racisme par la non-violence et le don de son amour.

Évocation douloureuse de la Soprano tandis que les cordes, le piano, l'orgue et le glockenspiel expriment la douceur. Les voix de femmes et la cithare ajoutent au recueillement, à la sérénité.

La Basse, soutenue par un trio d'anches et la Bronté, s'interroge sur le pourquoi d'un assassinat aussi lâche. Puis le choeur de femmes s'accompagnant aux crotales chante sa foi en des temps bienheureux (rythmes contrariés entre les pizzicati, la percussion et la voix).

Soudain une idée fulgurante de violence envahit le chÏur, la Basse et l'orchestre, mais elle s'évanouit presque aussitôt et la certitude sereine de la paix emplit à nouveau les cÏurs.
Les deux solistes nous ramènent au climat de douceur et de tristesse du début.

III. Déploration
(solistes, chÏur d'hommes, Bronté, violoncelles, bois, cuivres, percusisons)

C'est l'offrande exemplaire de Jan Palach, la <torche vivante de Prague>, le 16 janvier 1969. L'homme que l'attachement à la liberté et à la vie conduit à s'immoler.

Le chÏur d'hommes et la Bronté représentent un cortège immense d'où émanent une résignation et une douleur difficilement contenues. Glas des tams-tams, des gongs funèbres, déchirements d'un peuple accablé. Les cuivres <sont> la fierté de Palach, les flûtes et clarinettes nous rappellent constamment sa jeunesse. La Soprano en de déchirantes plaintes appelle avec émotion et horreur <Honza> ! (diminutif de Jan). La Basse exprime la consternation, l'angoisse. Après un immense cri unanime <comme une torche il a brûlé !>, c'est une affirmation implacable et définitive de la liberté. Sur un rythme obstiné de la persussion et des violoncelles, la Basse, à laquelle répond inlassablement le choeur d'hommes, clame la résolution passionnée de Palach pendant que les cuivres martèlentet que les bois hurlent avec stridence.

Le glas final de la Bronté nous rappelle à la brûlante réalité.

IV. Prière
(soprano, choeur mixte, chÏur d'enfants, Bronté, cordes, bois, cuivres, percussions,
claviers)

Texte de l'invocation de Frank Borman à bord d'Apollo 8, la nuit de Noël 1968.
La traduction de l'américain en latin, langue d'une intense poésie et véhicule universel, a été effectue par un moine de l'abbaye de Solesmes : Dom Tissot.

Cette dernière partie, construite comme une Antienne, réunit l'effectif instrumental et choral au complet. Chaque refrain-choral est traité comme dans le plain-chant (en référence à la <musica-plana>, de rythme libre, du XIIIe siècle). Les versets, purement instrumentaux, évoquent l'espace cosmique, l'absence de pesanteur. A chaque reprise du refrain-choral, une instrumentation plus riche en imprime la graduation. Le chÏur d'enfants se superpose enfin, clamant le choral de la cantate 147 de J. S. Bach.

C'est avec une pureté enfantine que l'homme retrouve l'éblouissement de l'amour universel et part à la recherche d'une idéal perdu.

[Yves Prin]


Création mondiale le 17.08.1969 à Saint-Céré, Session Internationle 1969
par Esther Geminiani, Jacques Villisech, Vincent Geminiani, les ChÏurs de la Session,
l'Orchestre Permanent d'Angers, dir. Yves Prin et Stéphane Caillat

Concert enregistré
Emission télévisée <Hymnus 68>, réalisée par Michel Huillard,
diffusée le 17.08.1970 - Télévision Française, 1re Chaîne

 

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