
- 1. Prologue
- 2. Printemps
- 3. Été
- 4. Automne
- 5. Hiver
- 6. Épilogue
Il
s'agit de la cinqième mélodie écrite sur
un poème de Michèle Venture,
les quatre premières étant réunies dans
un cycle : Quatre
Haïkaï (soprano & piano).
J’ai souhaité récidiver et composer
cette fois une grande mélodie sur le texte « La colline
d’Arashiyama ».
Je suis séduit par
ce que Michèle Venture écrit parce que sa pensée
est limpide, parce qu’elle dit les choses sans détour, à la
fois avec une pudeur extrême et avec une grande sensibilité.
J’aime sa poésie.
Cette œuvre est la quatrième commande de l’Ensemble
In & Out que dirige Thierry Ravassard. Elle est écrite pour
soprano et piano et dure une quinzaine de minutes.
Elle comporte un prologue, quatre saisons et un épilogue.
Le Prologue est d’abord parlé sur une résonance de
sons graves ou de sons étouffés destinés à créer
un climat d’attente, de temps qui passe : Murashaki Shikibu retrouve
la maison de la colline d’Arashiyama dans laquelle elle a vécu
il y a dix siècles. Vivra-t-elle à nouveau les quatre saisons
dans l’attente du jeune homme qu’elle aimait ?
La deuxième partie du Prologue est une longue phrase chantée
qui suit une courbe ascendante et descendante – « Laisse
flotter ton âme ». L’accompagnement est fluide et
emprunt d’une harmonie simple et quasi répétitive – « Ton
corps évanescent, ton ombre parfaite, c’est notre harmonie ».
La
première saison – Printemps – arrive sur la
colline d’Arashiyama avec ses moments de douceur en osmose avec la
jeune fille, âme de la maison ; ses orages soudains ou l’apparition
du jeune homme « qui ne viendra pas ». Deux thèmes
en alternance constituent la structure de cette première saison
: un continuo lent et doux contraste avec le jaillissement d’épisodes
mouvementés et rapides allants jusqu’à l’éclatement.
La
deuxième saison – Été – succède
avec son souffle chaud, ses nuits étoilées, et la tristesse
de Murashaki Shikibu qui pense « au corps jeune et vigoureux
du jeune homme qui ne viendra pas ». Elle comporte un thème
unique traité comme une barcarolle. Un balancement régulier
décrit une succession de voûtes en forme d’ogives.
Un
premier thème d’espoir pour traiter en force l’arrivée
de la troisième saison – Automne. Puis un second, fluide et
aérien pour suggérer la chevelure dénouée de
Murashaki Shikibu ou la brise d’automne. Le troisième thème évoque
la tristesse et la disparition de la verdure – « N’est
plus le le tapis des floconneux sakuras. Les feuilles sont sèches ».
Hiver. Trois thèmes. Le premier
pour situer l’univers glacé de la quatrième saison – « Ta main
fragile… caresse le vide » ou encore « Une
ombre flotte autour de ton corps brisé ». Le second
thème,
en forme de choral, pour évoquer « La ville intemporelle – son
nom est Kyoto », ou bien « Tes yeux n’ont
plus de larmes » ou encore « Le feu assoupi… te
réchauffe à peine ». Le troisième thème
est une ligne épurée qui se déroule et s’étire
lentement – « Ton corps s’amenuise… tu
t’assoupis ».
L’Épilogue est un rappel à l’identique du prologue – « Je
donne ma vie pour que tu renaisses ma douce et belle » (Murashaki
Shikibu). Et enfin : « Et il s’avance, et s’ouvrent
ses bras pour t’enlacer tendrement ».
[ Yves Prin ] |