ABISMOS (2004-2005)

 

Cinq mélodies pour contralto & piano
Sur des poèmes argentins de Silvina Ocampo

 

Commande du Festival du Vexin

 

à Sylvia Vadimova

Durée : ~20 minutes
Inédit

  1. 1. Inmortalidad (4')
    (Immortalité)
  2. 2. Sí no me amas (4'30)
    (Si tu ne m'aimes pas)
  3. 3. Mátame (5')
    (Tue-moi)
  4. 4. El Olvido (3'30)
    (L'Oubli)
  5. 5. El Río y las rosas (2'30)
    (Le Fleuve et les roses)

Dédié à Sylvia Vadimova, il s'agit du deuxième cycle de mélodies composé sur des poésies de Silvina Ocampo.

 

Il rassemble cinq poèmes extraits du recueil <Poèmes d'amour désespéré> paru dans la collection <Ibériques> de la Librairie José Corti…

 

Une version pour contralto et ensemble, dédié à Nathalie Stutzmann, est en cours de composition.

 

1.  INMORTALIDAD - Immortalité

L'ombre de la mort flotte doucement, dune façon insolite,  comme ce volubilis qui fut anéanti en vain et qui resurgit dans la dure solitude de ses fleurs rouges en détresse. Un tempo lent, un rythme régulier, inexorable, pour une thématique en anneau qui a du mal à s'échapper et à accéder à la métamorphose.

 

2.  SI NO ME AMAS - Si tu ne m'aimes pas

La vie est vaine si tu ne m'aimes pas. Tout se fait poussière de la couleur de la mort des branches… Alors je cherche l'amour fallacieux dans les ténèbres, je te hais et je commets des meurtres ô régions de limbes et de brumes. Saisissants contrastes entre les chants des tourterelles et les vestibules de la mort, le jasmin qui embaume comme par la nuit obscure d'un bordel, le sol qui s'ouvre comme un lac bleu, des fleurs qui illuminent des ombres… Deux thèmes s'affrontent dans un émouvant contraste. L'un enjoué et rapide, l'autre obstinément grave et palpitant, au seuil de la rupture.

 

3.  MÁTAME - Tue-moi

Cri de douleur inlassable puisque je suis ta prisonnière et que tu m'éloignas en vain de ton ciel. Tue-moi si tu vois dans mon âme s'égarer l'espérance. Ma désolation est en flammes dans l'abîme de mon cœur. L'Introduction dramatique et tourmentée laisse place à la plainte de désolation du premier thème. Le deuxième est un espace calme d'abîme et d'émotion. Ces thèmes interviennent en reprise.

 

4.  EL OLVIDO - L'Oubli

« Amour désespéré, tu cherches l'oubli comme les papillons recherchent la lumière… » Chanson monotone ou berceuse mélancolique dont la trame harmonique se développe et progresse lentement jusqu'à une apogée pour retomber doucement à son point initial.

 

5.  EL RÍO Y LAS ROSAS - Le Fleuve et les roses

Ce poème est le seul du cycle à délaisser l'abîme d'une passion dévorante pour nous plonger dans une lueur d'espoir en nous contant les fraîcheurs mystérieuses de l'eau, les brises qui bercent le feuillage des saules endormis, le tumulte des herbes profondes.« Baisons sur les roses nos lèvres » en sera l'ultime image. Spirale harmonique ondoyante et fluctuante comme le processus changeant d'un caméléon.

[ Yves Prin ]

  • Création mondiale prévue le 19.06.2010
    au Festival du Vexin, Église de Vaudancourt
    par Sylvia Vadimova et Dimitris Saroglou

I. Inmortalidad

¡ He muerto tantas veces, oh mi amado,
con un dolor insólito en mi pecho !
He muerto tantas veces en mi lecho
de oscuridad, de amor desesperado,
que tal vez una muerte verdadera
me desdeñe como a esta enredadera
que mataron en vano, sin piedad,
y que surge en la dura soledad
con sus desesperadas flores rojas,
en la sombra furiosa de sus hojas.

II. Si no me amas  

¡ Oh torcazas cantando en los vestíbulos
de la muerte ! El jazmín perfuma en vano
los labios de las brisas del verano.
Como en la noche oscura de un prostíbulo

busco el falaz amor en las tinieblas.
En una habitación, sin tus retratos,
odiándote cometo asesinatos
¡ oh regiones de limbos y de nieblas ! 

Vuelven los pájaros entre las hojas
y se abre como un lago azul el suelo.
Iluminam las sombras flores rojas.

Oigo crecer los árboles del cielo,
pero todo es de polvo si no me amas  :
del color de la muerte de las ramas.

III. Mátame  

Mátame, espléndido y sombrío amor
si ves perderse en mi alma la esperanza ;
si el grito de dolor en mí se cansa
como muere en mis manos esta flor.

En el abismo de mi corazón
hallaste espacio digno de tu anhelo,
en vano me alejaste de tu cielo
dejando en llamas mi desolación.

Contempla la miseria, la riqueza
de quien conoce toda tu alegría.
Contempla mi narcótica tristeza.

¡ Oh tú, que me entregaste la armonía ! Desesperando creo en tu promesa.
Amor, contémplame, en tus brazos, presa.

IV. El Olvido  

Desesperado amor, buscas olvido
como buscan la luz las mariposas
en el fulgor del fuego entristecido.
Yo siento que al sufrir en mí te posas
como en esos escuálidos jardines
donde canta la voz de una torcaza
perdida en la cornisa de una casa
doliente, en la ciudad, entre jazmines.

V. El Río y las rosas  

Lleguemos a la orilla de ese río
donde las brisas mecen el follaje
de los sauces dormidos del paisaje
que buscan en la sombra del estío

las frescuras del agua misteriosas.
Hundamos nuestras manos en las ondas
y en el tumulto de las hierbas hondas
besemos nuestros labios en las rosas.

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[poèmes extraits des « Poèmes d’amour désespéré »
traduction de Silvia Baron Supervielle
(Poema de amor desesperado)
Collection "Ibériques"
© Librairie José Corti 1997]
11 rue de Médicis - 75006 Paris
N° d'édition : 1377
ISBN 2-7143-0596-2

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